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La Cour pénale internationale (CPI) a condamné, mercredi 20 novembre, à dix ans d’emprisonnement un djihadiste, ancien chef de la police islamique de Tombouctou, au Mali, reconnu coupable de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.
Al Hassan Ag Abdoul Aziz Ag Mohamed Ag Mahmoud, dit « Al Hassan », un Malien de 47 ans, avait été déclaré par la CPI, en juin dernier, coupable notamment de torture, de mutilation, de procès illégaux et de persécution religieuse. Cette peine est « proportionnelle à la gravité des crimes et aux circonstances individuelles ainsi qu’à la culpabilité de M. Al Hassan », a déclaré la juge Kimberly Prost. « Elle reflète de manière adéquate la forte condamnation de la communauté internationale pour les crimes qu’il a commis et reconnaît le préjudice et les souffrances considérables causés aux victimes », a-t-elle ajouté.
Vêtu d’une robe blanche traditionnelle d’Afrique occidentale, la tête enveloppée d’un turban, Al Hassan a écouté attentivement, les mains croisées sur ses genoux. Il n’a témoigné d’aucune émotion après la lecture de la sentence par le juge.
Parmi les crimes auxquels devait répondre Al Hassan figurent : « traitement cruel en tant que crime de guerre » pour avoir flagellé un individu, « mutilation » pour avoir amputé une main, et « torture en tant que crime contre l’humanité et crime de guerre ».
Selon Kimberly Prost, Al Hassan a contribué au régime du groupe djihadiste Ansar Eddine, dont les actions ont eu un « effet traumatisant sur la population de Tombouctou », qui « vivait dans une atmosphère de peur, de violence, d’oppression, d’humiliation ».
Al Hassan était membre d’Ansar Eddine, qui a pris le contrôle de Tombouctou pendant près d’un an à partir d’avril 2012. Durant cette période, des femmes avaient été arrêtées puis violées en détention. Des flagellations avaient eu lieu sur la place centrale, devant une foule comprenant des enfants. Un homme accusé de vol avait eu la main amputée à la machette, en public également, en septembre 2012.
Al Hassan a cependant été acquitté des crimes de guerre de viol, d’esclavage sexuel et d’attaques contre des biens protégés, ainsi que du crime contre l’humanité concernant le mariage forcé. Bien que la CPI ait jugé que des crimes de violence sexuelle avaient bien eu lieu au cours de cette période, Al Hassan n’en a pas été reconnu responsable.
Sous le joug djihadiste, les destructions se sont multipliées en 2012 et en 2013 à Tombouctou, fondée entre le Ve et le XIIe siècle par les tribus touareg et surnommée « la ville des 333 saints » pour le nombre de sages musulmans qui y sont enterrés.
Les islamistes d’Ansar Eddine et d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) ont contrôlé la ville d’avril 2012 jusqu’à sa libération par les forces françaises et maliennes en janvier 2013. Les islamistes y ont détruit à coups de pioche et de pelle de célèbres mausolées de saints musulmans de Tombouctou, surnommée « la Perle du désert ».
Al Hassan avait été arrêté par les autorités maliennes et livré à la CPI en mars 2018. Il est le deuxième djihadiste malien jugé par la Cour. En 2016, la CPI avait condamné Ahmad Al Faqi Al Mahdi à neuf ans de prison – avant de réduire sa peine de deux ans en appel en 2021 – pour la destruction des sanctuaires de Tombouctou, un site inscrit par l’Unesco au Patrimoine mondial de l’humanité.
Par ailleurs, la CPI a rendu public en juin un mandat d’arrêt contre l’un des principaux chefs djihadistes du Sahel, pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité présumés commis aussi, pour l’essentiel, à Tombouctou. Cet homme, Iyad Ag Ghaly, dirige le Groupe de soutien de l’islam et des musulmans (GSIM), lié à Al-Qaida, qui opère au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Chef rebelle touareg radicalisé, également connu sous le nom de « Abou Fadl », il avait fondé en 2012 le groupe Ansar Eddine.
Le Monde avec AFP
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